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Marie-Claire

Restoux-Gasset

-52kg

Double championne du monde et championne olympique en trois ans, Marie-Claire Restoux-Gasset est entrée dans la légende du judo français pour avoir su saisir sa chance.

Atlanta 1996 © Presse Sports
Il y a des caractères qui ne sont faits que pour les grands événements. En 1995, Marie-Claire Restoux remporte les championnats du monde à Chiba, au Japon, alors qu’elle n’était pas titulaire en sélection, le staff lui ayant préféré Laëtitia Tignola, la fille forte du moment, qui se blesse peu avant la compétition. Le pied est dans la porte. Forte de ce premier titre mondial d’une Française au Japon qui la fait passer d’outsider à leader, elle emporte les Jeux d’Atlanta dans la foulée, malgré l’opposition en finale de la Coréenne Sook, qui venait de la battre coup sur coup lors des prestigieux tournois de Paris et de Münich cinq mois plus tôt !
C’est quand j’ai vu qu’elle se décomposait petit à petit que j’ai pris le plus de plaisir. Et, durant les sept dernières secondes du combat, je ne me rends même pas compte que je suis en train de devenir championne olympique, je pense juste que je vais enfin la battre !
Marie-Claire Restoux-Gasset
Alors que l’équipe de France de judo se savait attendue pour confirmer ses sept récompenses décrochées du côté de Barcelone en 1992, dont les deux titres de Cathy Fleury et Cécile Nowak pour l’arrivée officielle du judo féminin aux Jeux, Marie-Claire Restoux-Gasset apporte au judo français, en 1996, une troisième médaille d’or olympique après celles de David Douillet et de Djamel Bouras. Trois « Marseillaise » en une semaine, qui portent le total à huit titres olympiques pour le judo français depuis Moscou en 1980, en établissant au passage un record pour le judo de trois médailles d’or françaises (pour six médailles en tout) lors d’un tournoi olympique, record qui tient toujours. En sortant du tapis en ce jour glorieux, elle devient immédiatement la petite fiancée des Français en déclarant son amour en direct à son futur époux David Gasset, champion du monde de tir à la carabine.
La Charentaise est désormais championne du monde et championne olympique, le tout en deux ans, sans autre référence jusque-là qu’un titre national 1993, un tournoi d’Allemagne gagné lui aussi trois ans plus tôt, et un titre de championne du monde universitaires 1994. Déjà exceptionnel. Le point d’orgue de son étonnante carrière, c’est à Paris, en finale des mondiaux 1997, que Marie-Claire Restoux-Gasset va le connaître. « J’aborde cette compétition avec le titre olympique et le titre mondial sur les épaules. Soit j’y allais en me disant “si je perds, c’est la honte”, soit je monte sur le tapis en me disant que j’ai déjà montré ce que je valais, que le faire une troisième fois, ce serait vraiment très fort. J’ai choisi l’option la plus positive. Je ne le savais pas encore mais j’allais faire le combat le plus difficile de ma vie », raconte-t-elle. Face à elle, la Coréenne du Nord Kye, inattendue championne olympique 1996 de la catégorie de poids inférieure (et future double championne du monde), qu’elle n’a jamais rencontrée, ni en compétition ni même en stage. Une gauchère au petit gabarit sur laquelle elle n’arrive pas à poser les mains. Kye marque plusieurs fois et mène le combat jusqu’à trente secondes de la fin, mais elle continue d’attaquer fort, comme si elle craignait de laisser à la Française une chance de s’exprimer.
Atlanta 1996 © Presse Sports
Encore une fois, comme en demi-finale où elle était déjà menée presque jusqu’au bout, Restoux passe dans une dimension supérieure, celle des caractères que l’exigence révèle. Elle devient championne du monde pour la seconde fois, écrivant en trois ans l’une des plus belles pages du judo français. Elle ne sera qu’une fois championne de France, jamais championne d’Europe, mais triple championne du monde et olympique. Pour paraphraser le grand auteur Saint-Simon : « Tout est grand chez les Reines ». Ce qu’elle retient de sa capacité être présente uniquement dans les grands rendez-vous ? « Je n’ai jamais été capable d’être championne d’Europe ou de gagner le Tournoi de Paris, mais les grands événements m’ont toujours motivée. Quand je voyais ces dernières années que Zlatan Ibrahimovic était moyen contre Brest mais sortait des matches énormes face au Real, je comprends ! Ce n’est pas une question de choix du rendez-vous, d’être bon ou mauvais, ça s’impose à toi. Et quand ça se passe bien, c’est une impression de maîtrise incroyable. Et puis on apprend partout pour réussir ces moments-là. J’ai perdu au premier tour de mes premiers championnats d’Europe en 1994 à Gdansk en restant trop sur la défensive. Je n’ai jamais plus abordé un combat de cette façon-là. »
Atlanta 1996 © Presse Sports

État second à Paris

À Paris, pour son second titre mondial, Marie-Clarie Restoux-Gasset est menée de deux très forts avantages, yuko et waza-ari, par Kye Sun-Hui, la mystérieuse Corénne du Nord qui emporte tout sur son passage depuis deux ans. Celle qui va devenir double championne du monde quelques instants plus tard revit l’instant fatidique :

« Je suis lucide, comme en état d’hyper-concentration. Je sens l’erreur naître en face, celle d’une fille qui voit la victoire arriver mais que cela angoisse, ce qui la pousse à lancer encore. Je mets la main une fois, je lance un tani-otoshi (renversement arrière dit « chute dans la vallée », NDLR) absolument pas travaillé, comme ça à l’instinct… Je la tiens en immobilisation, je sais que j’ai marqué, mais je ne veux pas la lâcher surtout que, si j’ai seulement marqué waza-ari, elle a encore de l’avance. Je n’ai pas entendu l’arbitre. Il vient me taper sur l’épaule, je me relève, je vois le 10 du ippon qui clignote sur le tableau, Bercy debout… Je ne sais pas ce qui s’est passé. Je suis dans un état second, quelque chose que je n’ai jamais connu, ni avant, ni après. »

Marie-Claire Restoux-Gasset

Une après-carrière bien remplie

Licence de géographie, Brevet d’État 1er et 2e degrés, ouverture de magasins de matériel sportif, attachée de presse pour ISS Abilis alors qu’elle n’avait pas encore achevé sa carrière, tout cela entre deux participations au Paris-Dakar et une participation à Fort Boyard, la championne olympique d’Atlanta, dont la notoriété a largement dépassé le cadre du judo, a ensuite pris des responsabilités au comité de candidature de Paris 2012. Elle remplace Jean-François Lamour en tant que conseillère pour les sports auprès du président de la République d’alors, Jacques Chirac, auprès duquel elle demeurera de 2002 à 2007. Après s’être essayée à la politique, à Levallois et à Clichy, elle est rentrée chez GRDF où elle occupe un poste de direction.

© AFP

Fiche d'identité

Date de naissance

Née le 9 avril 1968

Lieu de Naissance

La Rochefoucauld

Taille

1m67

Catégorie

-52kg

Niveau

7e dan depuis 2013

Techniques favorites

o-uchi-gari
et o-soto-gari

Clubs précédents

Montbron Judo ; Levallois Sporting Club

© AFP

Palmarès

COMPÉTITIONS
JEUX OLYMPIQUES
1
0
0
CHAMPIONNATS DU MONDE
2
0
1
CHAMPIONNATS D'EUROPE
0
0
3
Championnats de France
1
1
4
Atlanta 1996 © Presse Sports