Lucie
Décosse
-63kg et -70kg
La Guyanaise aura tout gagné au cours de sa carrière, en s’appuyant sur un judo aussi instinctif que flamboyant, sans faire l’économie de remises en question. Une championne d’exception.
Tout avait pourtant commencé comme une évidence pour la jeune fille d’abord passée par Écouen, dans le Val d’Oise, avant deux ans et demi auprès de Guy Pina, à Kourou, en Guyane, puis le retour en métropole, au pôle d’Orléans… après que celui de Brétigny-sur-Orge l’a refusée.
Championne de France cadettes en 1998, puis juniors l’année suivante, elle remporte les championnats du monde juniors 2000 à Nabeul, en Tunisie, face à la Japonaise Ayumi Tanimoto. Le point de départ de leur rivalité : Lucie projette deux fois magistralement son adversaire qui s’est relevée la première fois comme un ressort, sans que l’arbitre ait le temps de réagir. Les deux femmes ne se quitteront plus. Après avoir remporté le tournoi de Paris – le premier de ses sept sacres dans ce tournoi prestigieux, Lucie déboule véritablement chez les seniors en 2002, attitude distanciée, presque insolente, en remportant les championnats d’Europe avec ce style si caractéristique et son o-uchi-gari qui fera sa réputation.
Aux Jeux d’Athènes en 2004, Lucie se classe seulement 7e. « C’était un podium cruel puisqu’elles sont trois de ma génération, Tanimoto, Heill et Zolnir, à s’y hisser. Cela m’a fait mal, j’ai failli arrêter le judo », expliquera Lucie, ainsi reléguée au même rang qu’aux mondiaux d’Osaka l’année précédente. C’est l’heure de la remise en question : travail avec un préparateur mental, capacité à dépasser enfin le doute, la gauchère prodige va vraiment dérouler à partir de 2005, accompagnée notamment par Serge Dyot, son entraîneur au Lagardère Paris Racing où elle signe en 2006 après sept ans à l’US Orléans, lequel la fait progresser dans l’affirmation de son judo.
Elle remporte une nouvelle médaille européenne, puis le titre mondial en 2005 en battant encore Tanimoto – la première de ses quatre couronnes. Après une nouvelle finale mondiale en 2007, et un titre européen, elle prend le leadership au sein d’une belle génération qui la respecte comme une reine. 2008, voici les JO de Pékin. « J’étais au sommet de mon judo », analyse-t-elle. Après avoir écarté la Slovène Zolnir, la Britannique Schlesinger, l’Allemande Von Harnier et la Coréenne Won, c’est encore la Japonaise Tanimoto qui se dresse en finale : alors que la Française est parfaitement concentrée et s’est déjà montrée dangereuse, elle lance son fameux spécial, « o-uchi-gari ken ken », un fauchage intérieur de la jambe avec poussée continue vers l’arrière, après une minute et vingt-quatre secondes de combat… Ayumi Tanimoto se dégage par un saut fantastique en pivot et contre en uchi-mata ! Ippon. Un mouvement venu d’ailleurs, un tournant aussi.
Lucie change de catégorie après ces Jeux olympiques, direction les -70kg, obligeant au passage une autre très grande championne française, Gévrise Emane, à faire le chemin inverse. « Je n’avais qu’une obsession : devenir imbattable. » Elle ajoute les pièces manquantes, dont un travail technique avec Bernard Tchoullouyan, mentor de Thierry Rey, devenu son président de club au Lagardère, et ça gagne ! Titres européens en 2008 et 2009, titres mondiaux en 2010 et 2011, avant ses troisièmes JO, ceux de la délivrance en 2012 à Londres. La promesse lancée en début de carrière par l’immensité de son talent est tenue.
Les grandes étapes
de sa carrière
La plus grande technicienne
de l’histoire ?
L’hommage d’Ayumi Tanimoto
« Ma seule adversaire »
Ayumi Tanimoto
Fiche d'identité
Date de naissance
Née le 6 août 1981
Lieu de Naissance
Chaumont
Taille
1m68
Catégorie
-63kg et -70kg
Niveau
6e dan depuis 2012
Techniques favorites
o-uchi-gari
Clubs précédents
JC Ecouen ; Club Spatial Kourou ; US Orléans ; Lagardère Paris Racing