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Chapitre 1

Les origines du judo →

Chapitre 2

Les fondements
du judo →

Chapitre 3

Le judo en France →

Chapitre 4

Le judo en compétition →

Chapitre 5

Le France, grande nation du judo mondial →

Chapitre 6

Le Judo aux JOP →

Para Judo

Champions paralympiques

Héritiers des Jeux de Stoke Mandeville mis sur pied dès 1948 par Sir Ludwig Guttmann, neurochirurgien britannique d’origine allemande, les Jeux paralympiques ont pris leurs marques aux Jeux de Séoul 1988. Une édition sud-coréenne où le judo y fit sa première apparition, avant de prendre une nouvelle dimension pour la France aux Jeux de Barcelone en 1992.

1992, l'année des premières

Barcelone 1992
Joël Gichtenaere

Quatre ans après les médailles des pionniers René Duchemin (argent en -65kg) et Daniel Fourcade (bronze en -86kg) obtenues à Séoul, ils sont trois athlètes français à prendre part aux Jeux de Barcelone : le Haut-Garonnais Daniel Fourcade, professeur de judo diplômé d’État, est de nouveau présent, accompagné du Franc-Comtois Joël Gichtenaere (-78kg) et du Breton Gérald Rollo (-71kg). Ce dernier, victime d’une maladie génétique qui le prive de la vue à l’âge de vingt-et-un ans, ne passe pas l’étape des éliminatoires organisés sous forme de poule. Il se rattrapera par la suite en décrochant l’argent à Atlanta, puis le bronze à Athènes. De son côté, Fourcade aligne trois victoires par ippon, dont une contre le Sud-Coréen Yu Sung An, futur vainqueur de la catégorie, avant de céder en demi-finale contre le Japonais Yasuhiro Uwano et terminer à nouveau médaillé de bronze. Scenario inverse pour Gichtenaere, qui connaît la défaite en poule face à L’Américain Brett Lewis avant de passer devant l’Espagnol Javier Sainz et l’Australien Anthony Clarke pour s’inviter dans le dernier carré. Son ippon sur le Japonais Takio Ushikubo lui offre une revanche contre Lewis, qu’il ne laisse pas passer pour s’offrir le premier titre paralympique de l’histoire du judo français, quelques mois après les premiers titres olympiques féminins de Cécile Nowak et Cathy Fleury.

Doublé magique

Athènes 2004
Karima Medjeded et Cyril Jonard

Pour la première édition ouverte aux féminines, c’est une équipe de France expérimentée, composée de neuf athlètes, qui fait le voyage en Grèce. Parrainée par les champions Céline Lebrun, Larbi Benboudaoud et Thierry Rey, elle a bénéficié d’une véritable préparation et se pose « dans le trio de tête derrière le Japon et la Russie » selon le DTN de la FFH de l’époque, Marc Fleuret. Étalée sur trois jours, la compétition démarre tambour battant le samedi 18 septembre pour le clan tricolore, avec les parcours impeccables de Karima Medjeded (-48kg) et Sandrine Aurières (-52kg) jusqu’en finale. Moment choisi par Medjeded pour placer un tai-otoshi d’école qui débloquait le compteur français tous sports confondus en Grèce et, surtout, lui permettait de devenir la première championne paralympique de l’histoire du judo. « Je voulais faire comme Frédérique Jossinet (médaillée d’argent dans la même catégorie en valides un mois plus tôt, NDLR). Je visais le podium mais je ne pensais pas pouvoir remporter l’or, moi qui ai commencé le judo toute petite lorsque j’étais à l’internat. J’ai connu une longue coupure jusqu’à mon retour sur les tatamis en 1997, le moment où je me suis réellement mise à la compétition. C’est là que je me suis prise au jeu, ayant retrouvé confiance en moi en pratiquant, avec la sensation de savoir me défendre en cas de besoin. » Quelques minutes plus tard, ce sera l’argent pour la toute jeune Sandrine, piégée par les petits fauchages de l’Allemande Schuetzel. Le feu d’artifice est pour le lendemain.
Karima Medjeded - Athènes 2004 © IBSA
Cyril Jonard - Athènes 2004 © Presse Sports
En l’emportant en trois petites secondes sur o-soto-gari lors du combat pour la troisième place, la benjamine de l’équipe Angélique Quessandier assure d’abord le sans-faute du trio féminin, avant que Cyril Jonard ne survole son tableau des -81kg. Dans une compétition réservée aux malvoyants, lui qui est également malentendant de naissance, bourreau de travail au pôle espoirs de Limoges où il côtoie plusieurs fois par semaine des combattants valides, est un OVNI. « Pendant les combats, il distingue seulement les grands signes que je lui fais », explique l’entraîneur national Olivier Duplan. « Mais pas besoin de trop en faire avec lui, tant il est fort techniquement. Il comprend très rapidement ce qu’on lui demande, avec une motivation énorme et une envie de gagner incroyable qui l’ont placé au-dessus de la concurrence sur ce tournoi. » Le Japonais Kato en fera les frais en deux temps trois mouvements en finale, emporté, comme tous les autres avant lui, par l’énergie de ce « samouraï des temps modernes, qui se lève judo, vit judo et mange judo » pour reprendre les mots de son entraîneur. Sébastien Le Meaux, finaliste à Sydney en -81kg, soignera finalement le bilan français, avec une médaille de bronze obtenue au courage en -100kg face à l’Allemand Dahmen.

L’éloge de la persévérance

Rio 2016
Sandrine Martinet

Médaillée d’argent dès sa première tentative paralympique – à seulement vingt-et-un ans – à Athènes, c’est en grande favorite que l’Auvergnate, championne d’Europe et du monde en titre, s’avance sur Pékin. Son quart et sa demie ne sont qu’une formalité, contrairement à sa finale, face à la locale Na Cui et les cinq-mille supporters qui ont clairement choisi leur camp. Après avoir concédé trois koka en début de combat, c’est pourtant la Française qui vire en tête à l’entame de la dernière minute. Une avance qui vole en éclats quelques secondes plus tard, sur une attaque en reprise de garde valorisée waza-ari pour la Chinoise, qui gérera jusqu’au gong final. Nouvel acte manqué pour la -52kg alors licenciée à Vincennes, qui ne perd pas pour autant sa rage de vaincre et trace sa route jusqu’à Londres quatre ans plus tard, avec de nouveau un titre planétaire à assumer. En place, elle commence son parcours en s’imposant dans le remake de la finale des mondiaux 2011, avant de prendre le meilleur départ face à la championne paralympique 2008 des -57kg… jusqu’à cet o-soto-gari de la Chinoise sur lequel sa cheville se brise. Malgré la fracture du péroné qui lui sera diagnostiquée quelques heures plus tard, elle termine au courage cette demi-finale qui lui échappe, avant de déclarer forfait pour la petite finale.
Sandrine Martinet - Championnat du monde 2019 © Collection ODJ
Platrée pour son retour en France, ce nouveau passage au purgatoire ne peut être que le plus court chemin vers la rédemption en 2016 au Brésil. Au pied du Corcovado, rien ni personne ne peut la priver de l’immense bonheur qui lui est depuis trop longtemps promis. Sans concéder la moindre valeur, elle traverse ce 8 septembre comme dans un rêve, et rejoint enfin le Panthéon du sport français.

« Ça y est, j’y suis, je l’ai fait. Il y a un petit laps de temps où je me demande si on est dans le réel ou non… puis j’explose, j’exulte, en me répétant que ce doit être vrai. Je saute dans les bras de Cyril Pages (entraîneur national), sous les yeux de mon mari, mes parents, mon fils, ma belle-famille, mon ostéo qui est aussi ma meilleure amie. J’avais vu les images d’Émilie Andéol qui retrouve son grand frère dans les gradins quelques jours plus tôt et l’émotion que ça dégageait. Cette fois, c’était pour moi. »

Pas rassasiée pour autant, elle se lance un énième défi à l’aube de ses trente-huit ans : disputer ses cinquièmes Jeux et tenter de les remporter… dans la catégorie inférieure ! Pour ne pas changer les bonnes habitudes, elle s’adjuge les couronnes continentale et planétaire chez les super-légères en amont, avant de résister aux doutes du report dû à la crise sanitaire pour se présenter fin prête au Nippon Budokan fin août 2021. Porte-drapeau de la délégation, elle devient, plus que jamais, l’ambassadrice du para-judo, avec une nouvelle médaille d’argent à la clé malgré une nouvelle génération d’adversaires qui se présentent face à elle. « Si on avait dit à la petite Sandrine qui a débuté le judo à neuf ans qu’elle allait vivre tout ça… Incluse sur le tapis alors que j’étais rejetée en dehors, j’ai pu transformer toute cette colère et ce sentiment d’injustice qui étaient en moi à cause de cette maladie génétique. Ce que le sport m’a fait vivre, ce qu’il m’a appris sur moi, c’est juste magique. Tout ça me donne envie d’être positive, de véhiculer un message d’espoir qui donne envie de rejoindre l’aventure au dojo. » Au point de glaner une nouvelle médaille paralympique en 2024 à Paris ? Rien n’est exclu pour Sandrine Martinet, qui mérite une sortie par la grande porte avec à nouveau le plus beau métal autour du cou.

Un nouveau format
pour Paris 2024

Si les B1 (non-voyants), B2 et B3 (malvoyants) combattaient jusque-là dans les mêmes tableaux, il a été décidé qu’à partir de janvier 2022, les non-voyants (J1 désormais) seraient séparés des autres compétiteurs (J2). Pour compenser cette multiplication d’épreuves, un regroupement des catégories de poids a été décrété dans le même temps : en lieu et place des quatorze traditionnelles, ne subsistent désormais plus que les -48kg, -57kg, -70kg et +70kg chez les féminines, les -60kg, les -73kg, les -90kg et les +90kg chez les masculins.
Rio 2016 © Collection EDJ

Le XV de France du para judo

Avec vingt-trois récompenses décrochées depuis Séoul 1988 et une présence quasi ininterrompue au palmarès – seuls les Jeux de Londres 2012 voient l’équipe de France repartir bredouille — la France fait partie des nations qui comptent dans le para-judo, forte de quinze athlètes médaillés au total depuis le bronze d’Hélios Latchoumanaya (-90kg), dernier venu de cette prestigieuse liste.
2020
SANDRINE MARTINET
MÉDAILLE D'ARGENT
-48 kg
2020
HÉLIOS LATCHOUMANAYA
MÉDAILLE DE BRONZE
-90 kg
2016
SANDRINE MARTINET
MÉDAILLE D'OR
-52 kg
2008
SANDRINE MARTINET
MÉDAILLE D'ARGENT
-52 kg
2008
ANGÉLIQUE QUESSANDIER
MÉDAILLE DE BRONZE
-63 kg
2008
CYRIL JONARD
MÉDAILLE D'ARGENT
-81 kg
2008
OLIVIER CUGNON DE SÉVRICOURT
MÉDAILLE DE BRONZE
-90 kg
2008
JULIEN TAURINES
MÉDAILLE DE BRONZE
+100 kg
2004
KARIMA MEDJEDED
MÉDAILLE D'OR
-48 kg
2004
SANDRINE MARTINET
MÉDAILLE D'ARGENT
-52 kg
2004
ANGÉLIQUE QUESSANDIER
MÉDAILLE DE BRONZE
-63 kg
2004
CYRIL JONARD
MÉDAILLE D'OR
-81 kg
2004
SÉBASTIEN LE MEAUX
MÉDAILLE DE BRONZE
-100 kg
2000
SÉBASTIEN LE MEAUX
MÉDAILLE D'ARGENT
-81 kg
2000
GÉRALD ROLLO
MÉDAILLE DE BRONZE
-73 kg
2000
David Guillaume
MÉDAILLE DE BRONZE
-90 kg
1996
Gérald Rollo
MÉDAILLE D'ARGENT
-71 kg
1996
Cyril Morel
MÉDAILLE DE BRONZE
-65 kg
1996
Éric Censier
MÉDAILLE DE BRONZE
+95 kg
1992
Joël Gichtenaere
MÉDAILLE D'OR
-78 kg
1992
Daniel Fourcade
MÉDAILLE DE BRONZE
-86 kg
1988
René Duchemin
MÉDAILLE D'ARGENT
-65 kg
1988
Daniel Fourcade
MÉDAILLE DE BRONZE
-86 kg