Pour la première édition ouverte aux féminines, c’est une équipe de France expérimentée, composée de neuf athlètes, qui fait le voyage en Grèce. Parrainée par les champions Céline Lebrun, Larbi Benboudaoud et Thierry Rey, elle a bénéficié d’une véritable préparation et se pose « dans le trio de tête derrière le Japon et la Russie » selon le DTN de la FFH de l’époque, Marc Fleuret. Étalée sur trois jours, la compétition démarre tambour battant le samedi 18 septembre pour le clan tricolore, avec les parcours impeccables de Karima Medjeded (-48kg) et Sandrine Aurières (-52kg) jusqu’en finale. Moment choisi par Medjeded pour placer un tai-otoshi d’école qui débloquait le compteur français tous sports confondus en Grèce et, surtout, lui permettait de devenir la première championne paralympique de l’histoire du judo. « Je voulais faire comme Frédérique Jossinet (médaillée d’argent dans la même catégorie en valides un mois plus tôt, NDLR). Je visais le podium mais je ne pensais pas pouvoir remporter l’or, moi qui ai commencé le judo toute petite lorsque j’étais à l’internat. J’ai connu une longue coupure jusqu’à mon retour sur les tatamis en 1997, le moment où je me suis réellement mise à la compétition. C’est là que je me suis prise au jeu, ayant retrouvé confiance en moi en pratiquant, avec la sensation de savoir me défendre en cas de besoin. » Quelques minutes plus tard, ce sera l’argent pour la toute jeune Sandrine, piégée par les petits fauchages de l’Allemande Schuetzel. Le feu d’artifice est pour le lendemain.
En l’emportant en trois petites secondes sur o-soto-gari lors du combat pour la troisième place, la benjamine de l’équipe Angélique Quessandier assure d’abord le sans-faute du trio féminin, avant que Cyril Jonard ne survole son tableau des -81kg. Dans une compétition réservée aux malvoyants, lui qui est également malentendant de naissance, bourreau de travail au pôle espoirs de Limoges où il côtoie plusieurs fois par semaine des combattants valides, est un OVNI. « Pendant les combats, il distingue seulement les grands signes que je lui fais », explique l’entraîneur national Olivier Duplan. « Mais pas besoin de trop en faire avec lui, tant il est fort techniquement. Il comprend très rapidement ce qu’on lui demande, avec une motivation énorme et une envie de gagner incroyable qui l’ont placé au-dessus de la concurrence sur ce tournoi. » Le Japonais Kato en fera les frais en deux temps trois mouvements en finale, emporté, comme tous les autres avant lui, par l’énergie de ce « samouraï des temps modernes, qui se lève judo, vit judo et mange judo » pour reprendre les mots de son entraîneur. Sébastien Le Meaux, finaliste à Sydney en -81kg, soignera finalement le bilan français, avec une médaille de bronze obtenue au courage en -100kg face à l’Allemand Dahmen.